Ce qui est inné à mon sens est le besoin de communiquer et de s’exprimer. Instinctivement un enfant a besoin de reproduire la réalité à travers les formes et les couleurs, il conceptualise le monde qui l’entoure à travers la reproduction, et exprime ce qu’il ressent au plus profond de lui, à son sens, fidèle à la réalité.
Exprimer le profond ressenti, tel est le besoin! Mais s’amuser avec un ballon n’est pas forcément être footballeur ; la pratique de l’art demande un apprentissage au-delàs de la vocation ; pour acquérir la maitrise de l’art graphique il faut en apprendre les règles, pour s’exprimer avec une langue il faut l’apprendre et explorer ses différents sens et secrets.
L’art s’impose ! En découvrant ce grand bonheur de créer avec savoir, en explorant les secrets de la peinture, cette première écriture humaine, en découvrant l’éventail des différentes cultures, tout ceci, mêlé à ce besoin inné de s’exprimer et communiquer, forcément sortir de l’évanescence devient une évidence. Peindre devient une évidence.
La peinture, est une forme d’expression étroitement liée à mon vécu, mes émotions et mes observations. Dans la vie courante, taire ses émotions par pudeur ou par respect aux lois sociales ou autres est chose courante, hors ce qui m’entoure ne me laisse pas indifférente, le moment de peindre est un moment où règne l’espoir de pouvoir exprimer mes émotions : tragiques, dramatiques, heureuses ou réjouissantes.
Je mets en harmonie dans ma peinture, mes sentiments profonds avec la nature, sans la copier, je choisi des parcelles de ce qui m’entoure dans toutes choses, pour les accorder avec mon tréfonds.
Une fois exposées, mes peintures invitent chaque regard à faire sa propre interprétation en fonction de son vécu et sa sensibilité.
Ma peinture a connu plusieurs étapes d’évolution : au début la reproduction des grands maitres était un exercice formateur, explorer les différents courants artistiques est à mon sens nécessaire, à chaque futur artiste, puis à travers la photo je me suis retournée vers mon pays, sa culture, sa nature et ses traditions.
Photographier puis interpréter par la peinture dans un style figuratif proche de l’orientalisme. Ensuite les artistes du 20ème siècle m’inspirent, et accompagnent mon évolution, mes recherches plastiques et mes démarches intellectuelles. Ce n’est qu’après un long travail, que l’artiste découvre sa propre signature.
Loin du tumulte féministe, l’art forcement est lié à l’artiste, ma peinture est faite par une femme artiste peintre marocaine avec un encrage dans la culture marocaine et une ouverture sur le monde. La femme, tout comme l’homme m’inspire, leur différence naturelle et leur complémentarité sont enrichissantes. J’estime que du moment que l’altérité est accepté, elle devient source de compréhension et de construction. Ce qui m’inspire c’est l’histoire de l’Homme (avec un grand H) la femme y compris. .
Plus de tolérance, plus de justice, plus de respect. Que l’énergie soit orientée vers la construction et non dans la destruction. Respecter la liberté des uns et des autres Après ceci la deuxième question n’a pas lieu d’être. Je fini avec ces paroles de Claude Lévi-Strauss: « Un humanisme bien ordonné ne commence pas par soi-même, mais place le monde avant la vie, la vie avant l’homme, le respect des autres êtres avant l’amour-propre. »
« Mais quelle lumière fondue » a dit Matisse en parlant de Tanger Après plusieurs expositions au niveau national et international je suis très contente de présenter mon travail à Tanger L’attrait de cette ville sur les Hommes de lettres et les artistes est une fascination. La liste est infinie pour citer l’ensemble des Hommes publics qui y ont vécu ou séjourné. Elle est le creuset d’une culture humaine intercontinentale, c’est le lieu où l’Europe et l’Afrique se donnent la main, la Méditerranée et l’Atlantique se mélangent. Souvent, les écrivains utilisent le mot »rêve » pour la décrire, un rêve qui n’est pas périssable. Mon futur tableau bleu sera inspiré de ce rêve
L’artiste ne peut pas être indifférent à sa société. Il ne vit pas dans une bulle fermée et aseptisée. Aujourd’hui l’essor que connait notre pays ne peut que favoriser davantage la créativité et interpeller cette génération montante en suscitant son investissement afin de participer à l’évolution culturelle de notre pays. Donc la peinture marocaine ne peut que s’épanouir dans un enrichissement moral et intellectuel.